Lettre
d'amour.
Ce matin, après une
aube lourde, poisseuse, dans un réveil angoissant, la sensation que
ma vie était du même goût que ma tombe, la même solitude. Je ne
serai pas plus seule dans mon trou que je ne le suis aujourd’hui
vivante.
Si mon corps s’est
décrispé puis crispé à outrance c’est que j’ai voulu
l’abandon. Dans ma tête je voulais connaître le désarroi. Quand
je parle d’abandon c’est davantage une damnation.
Pour une seconde de
vérité je suis envahie par le mensonge des autres.
Ce que j’ai tout
simplement à vous écrire c’est que cette nuit j’ai eu le
sentiment imminent que vous me « mangiez ». Il s’est
passé de longues secondes où je me trouvais dans cet état
paradoxal où je me laissais manger, au sens littéral du verbe
manger, comme on mange … Un jour, vous m’engloutirez !
Cette volonté négative
qu’a l’homme de démontrer que seul le mensonge tient pouvoir
d’unique vérité. Car toute vérité exprimée se trouve au
travers du mensonge et on peut ainsi la déceler. L’esprit de la
conscience vogue entre ces notions du bien et du mal, il suffit
d’avoir une bonne pensée pour qu’aussitôt une mauvaise pensée
vienne l’effacer. A chaque fois que l’homme étale la noirceur de
son âme c’est au détriment d’une fulgurance du beau.
La liberté se trouve
dans le corps vide d’un crocodile en exposition. C’est féroce et
noir mais quel regard sur notre société !
La seule énigme de
l’être humain reste dans la peinture. La représentation
volontaire d’être, d’exister ! A partir de là se fonde
l’intelligence de l’homme par rapport à l’animal. Ce besoin de
se représenter, donc d’exister.
Valérie
Boisgel
05 juin
2014